Début août me voici aux Canaries depuis trois semaines. Semaines de vacance surtout, dont pas mal de vadrouille dans les montagnes. Débarqué à Lanzarote, j’ai rapidement fait le tour de l’île sur deux jours.
Puis, cap vers Fuerteventura, l’île voisine. J’y passerai quatre jours complets pour explorer à pied et en vélo. Dunes, plages et montagnes.
Je terminai par la meilleure des trois : Ténérife. Avec ses parcs naturels aux paysages variés.
Aujourd’hui, c’est depuis Las Palmas que j’écris ces lignes. Le bateau-stop reprend ici, dans cette immense marina (1250 points d’amarrage). La stratégie va changer un peu car je ne veux pas passer autant de temps dans la marina :
- Prise de température pendant une semaine : voir si des bateaux partent à court terme
- Si non : exploration de Gran Canaria à vélo (pendant une semaine)
- Puis une nouvelle semaine de prospection à la marina
- Si toujours pas de bateau : exil sur La Palma ou El Hierro le temps que les bateaux arrivent (dans ce cas je devrai annuler le ski au Chili…)
Cet article raconte d’ailleurs mon expérience de bateau stop au Maroc.
Adaptation
Passer du mode nomade au mode sédentaire est plus difficile qu’il n’y paraît. D’autant plus lorsque le budget logement est proche de 2€ par jour et que les marinas sont, en général, en ville ! Le vélo offre un sentiment de liberté et d’autonomie à l’opposé de la position du bateau-stoppeur, qui lui est dépendant du voilier et son capitaine. À Lisbonne, je n’avais pas vraiment fait de bateau-stop car j’avais contacté Pierre assez tôt pour aller aux Açores (plan qui est malheureusement tombé à l’eau). C’est donc au Maroc que commença vraiment l’expérience !
La première chose à faire dans ce cas : trouver un endroit bon marché pour passer la nuit, et si possible pas trop loin de la marina. Heureusement Agadir possède un camping en centre ville. Avec son lot d’inconvénients aussi. La modique somme de 50 dirhams (environ 5€) comprend la nuitée en tente avec un vélo. Bien que trois fois supérieur à mon budget « hôtel 4 étoiles », je consomme peu d’argent pour me nourrir (environ 2,5€ par jour), c’est donc mon budget repas qui absorbera ce surcoût. Premier challenge réglé !
Il faut ensuite retrouver un rythme sédentaire : identifier les supermarchés pas loin/pas chers, organiser ses journées, rechercher un spot WiFi, développement social (optionnel). Ça ressemble pas mal aux étapes d’intégration dans une nouvelle ville/nouveau pays au final ! Mais en accéléré et sans emploi (donc sans base sociale…) ! Je me prépare en général une liste de tâches (avec 90% de rédaction d’articles en retard…), et les journées se remplissent assez bien.
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Une fois les bases posées, la quête hauturière peut commencer. Comprendre comment fonctionne la marina, qui fait quoi, qui sait quoi, qui peut aider, qui va empêcher. Non seulement connaître les marins, mais aussi le personnel, les pêcheurs. Ensuite il faut faire savoir ce que l’on cherche, l’information circulera en général assez bien localement voire même passera les frontières ! Le réseau marin, comme tout réseau, est très solidaire. Et les expériences avec des équipiers bateau-stoppeurs peuvent bien se passer ou être un enfer. Donc l’information circule vite et aidera beaucoup plus qu’une longue discussion au bord du quai !
Journée classique
Les premiers jours, je dors donc au camping et j’occupe mes journées par des lectures sur le réchauffement climatique et l’entretien du vélo. Une fois la journée de « travail » terminée, je pars faire ma tournée quotidienne de la marina. L’avantage par rapport à Lisbonne se révèle être un inconvénient en fait. Certes il n’y a qu’une marina à visiter mais elle est petite et très peu de marins s’y arrêtent avant de rejoindre les Canaries…
À force de visiter la marina je rencontre Mourad, un marocain qui rénove son bateau dans le but de partir autour du monde. Le contact passe bien. J’aiderai donc Ibrahim, un jeune ivoirien en stage sur le bateau, en échange d’un lit. Je suis maintenant sur place ! Les semaines passent mais peu de bateaux transitent. Sur les rares que je croise, deux seulement allaient aux îles Canaries… Une routine s’installe : je connais le propriétaire de la supérette et mange souvent au même snack à l’entrée du port de pêche.
Dans la marina, j’ai aussi rencontré ce couple d’octogénaires américains qui a traversé plusieurs fois l’Atlantique. Léonard et Julie naviguent ensemble depuis plus de dix ans avec leurs chiens. Comme beaucoup de nomades des mers, leur vie est une aventure. La leur a commencé avec la retraite. Mais ils ont trouvé leur bonheur dans la mer. J’espère que nos routes se recroiseront !
Grand départ sur Grand Soleil
Début juillet, je rencontre un autre marin, plutôt discret. Nous échangeons rapidement. Il attend un copain « voileux » et comptent rejoindre les Canaries en mode régate (en passant par Madère). Malheureusement il ne peut pas m’emmener car je ne serai qu’une contrainte de plus dans leur séjour retrouvailles/performance. Je comprends entièrement. La veille de son départ, il me concède : « si jamais mon ami rate son vol, je t’emmènerai ». Le remerciant, je n’y crois guère mais j’apprécie tout de même le geste. Quelques heures plus tard, il revient vers moi : « mon équipier s’est brûlé la main en bricolant, il ne viendra pas ». Super nouvelle ! Rassurez-vous il va bien, c’est juste un petit bobo au mauvais endroit (mais au bon moment !). Comme quoi, la chance arrive souvent là où on l’attend le moins. On devrait partir le lendemain… Mais le Maroc en a décidé autrement ! Le visa de Thierry a expiré d’un jour et la marina d’Agadir est un bon casse-tête administratif avec la police, la douane et la gendarmerie royale. Un policier lui a confirmé que ça ne posait pas de problème pour quelques jours et que les autorités le laisseront partir sans rechigner. Mais en pratique tout ne s’est pas passé comme prévu ! Si bien que nous avons quitté le port quatre jours plus tard après moultes péripéties pour Thierry qui courrait entre le tribunal, la gendarmerie et le consulat !
Moins d’une trentaine d´heures plus tard, Lanzarote commence à se dessiner au loin. Il m’aura fallu presque un mois et demi pour arriver à mes fins…
A la lecture de ton dernier message il apparait que la vie d’aventurier n’est pas simple.Pleine d’aléas et d’opportunités mais finalement avec le temps tout finit par s’arranger.Le temps c’est tout le problème…
En tout cas en tant que globe trotter débutant tu auras déjà vécu pas mal d’expériences et de situations qui t’ont permis de prendre les bonnes décisions fruit d’une bonne éducation, d’études et de lectures formatrices.Malgré les difficultés journalières tu éprouves certainement la satisfaction de la découverte de paysages et de rencontres enrichissantes.Y a t il du nouveau concernant un prochain embarquement?Quelle sera la prochaine étape?