Voilà maintenant cinq jours que j’ai quitté l’Europe pour le Maroc. Le dépaysement est total. Une fois sorti de la ville, il est difficile de se faire comprendre en français ou en espagnol (oubliez l’anglais) ! Cependant c’est un très beau pays, j’en dirai plus dans le prochain article ! Celui là est consacré aux trois semaines passées à bord du Soukha, voilier Canadien, et il détaille aussi une composante essentielle du projet : l’apprentissage.
Uma pastel mais?
Le choix de Lisbonne semblait intéressant pour rejoindre les Canaries. En réalité, peu de bateaux de plaisance y passent et encore moins vont dans cette direction… Par contre, deux québécois qui voulaient rejoindre les Açores cherchaient un équipier pour aider à assurer les quarts de nuit. Ce n’est pas vraiment sur ma route, mais ça me tentait bien ! Me voilà donc en route pour Setúbal (le mercredi 1er mai), où se trouve l’équipage. Quelques dizaines de Superbock (bière locale) plus tard, nous prenons le large vers les Açores. Tout va bien jusqu’au cap d’Espichel, là commençait le large et l’allure du près (je détaillerai dans un prochain article le vocabulaire de la voile, comprenez ici : une configuration pas très agréable pour les personnes sensibles au mal des transports !). Comme dirait le capitaine « c’est pas la tempête mais du gros temps ! ». Bref, mieux vaut tard que jamais, mais j’ai réalisé que j’avais sûrement le mal de mer ! Reste à voir si je m’y fait… ou pas !
(Mal)Heureusement, un problème avec le pilote automatique pendant la nuit nous oblige à rebrousser chemin… direction Lisbonne. Nous y passerons une semaine, le temps d’effectuer plusieurs réparations et de planifier la suite. Le temps à bord d’un bateau s’arrête, à quai comme en mer, si bien que en perd vite la notion. Cela tombe plutôt bien car j’ai beaucoup de choses à apprendre. Au programme ce mois ci : améliorer mon Espagnol, commencer le Portugais et apprendre les bases de navigation ! Pour cela j’utilise plusieurs support : mon smartphone pour les langues, à l’aide de l’application Babbel ; et la bible des voileux : cours de navigation des Glénans.
En parallèle se pose la question « que faire maintenant ? ». Les options étant de rester sur Lisbonne et de trouver un autre bateau pour les Canaries ou de pédaler vers le sud, jusqu’à Agadir. Les derniers jours de prospection ne s’étant pas révélés très prometteurs, c’est vers la seconde option que je me tourne.
Soukha’l’abordage
Après une semaine dans la marina d’Oeiras, l’autre équipier québécois étant reparti pour le grand nord, nous nous retrouvons à deux : un mousse inexpérimenté et un capitaine en quête d’exploration. Le choix est fait (ou presque) : nous naviguerons vers le sud, en longeant les côtes. Ce choix a l’avantage de me rapprocher du Maroc, et permet à Pierre de naviguer un peu. Gagnant-gagnant donc ! De Lisbonne à Cadix, en passant par Lagos et Vila Real de Santo Antonio. En bateau on va moins vite qu’en vélo mais on a aussi plus de temps libre !
Le seul mouillage sauvage, en face de Vila Nova de Milfontes, s’est soldé par un « semi-échec » dans le sens où les vagues nous secouaient un peu trop… nous avons donc mis les voiles très tôôôt le matin. L’apprentissage théorique en parallèle de la pratique est vraiment le meilleur combo pour apprendre, et c’est d’autant plus motivant pour ouvrir un livre. Après une semaine à naviguer, je ne me définirai pas comme marin mais j’ai beaucoup appris ! Mon statut passera donc à mousse expérimenté ! Par contre, le mal de mer persiste un peu… Heureusement que les médicaments font des miracles.
Mollets fatigués
Trois semaines que je suis sur à bord du Soukha avec Pierre ! Nous nous quitterons à Rota le 22 mai. Le temps s’arrête vraiment à bord ! C’était une très belle expérience que je compte renouveler vite de toute manière, enfin, vite… il reste seulement la partie nord du Maroc à traverser !
Pour la reprise, je ferai deux journées « tranquilles » puis je reprendrai le rythme trois jours pédalés un jour de pause. Cette première étape m’amènera jusqu’à Vejer de la Frontera, où jai trouvé facilement un endroit pour dormir. Par méfiance (je suppose), les champs en Espagne sont inaccessibles : barbelés, clôtures, chiens, etc. Il est donc difficile de bivouaquer… Or je me trouvais exactement entouré de ces champs et bien-sûr, je n’ai croisé qu’une personne… Mais la bonne ! En discutant 5 minutes, elle me dit connaître quelqu’un qui saura certainement m’aider. Sonia travaille dans une ferme ici et un copain à elle habite dans le coin (environ 57 mètres de notre point de rencontre) ! Raphaël est sage-homme pour les femmes, et habite une jolie maison avec une « extension yourte ». Je passerai la nuit dans son jardin.
Le lendemain, je dois rejoindre Tarifa pour prendre le ferry. Là aussi une âme charitable m’évitera un calvaire ! En effet, je ne suis pas sûr que le passage prévu soit pratiquable à vélo, mais au moment de m’y engager je croise justement un cycliste qui en vient : » Forget it, it’s impossible to pass here! ». Ah, d’accord, on fera le tour alors ! Il est hollandais et voyage depuis Toulouse, jusqu’à Cadix. Il a perdu 1h sur ces 300 mètres. Bref, il m’a évité de rater mon ferry !
I think it is going to be easier for you to get to South America to go the other way round: Africa – Asia – North America – South America!
I think you are now in the correct path.
The worst is that you might be right! Let’s see, I’m now in Agadir but the marina is small with few boat passing.