J’écris ces lignes depuis Porto, presque un mois après mon départ. Jusque là tout va bien, une seule mésaventure au compteur, beaucoup de rencontres, et déjà de bons souvenirs. Ce n’est pas facile de trouver un rythme et je le cherche encore. Malgré mon carnet de route que je tiens à jour régulièrement, rédiger des textes prend du temps mais j’espère pouvoir les partager le plus souvent possible ! Voici un court résumé de ma semaine de départ, d’autres articles suivront prochainement.
Les jours précédents mon départ ont été intenses. Mon voyage était supposé commencer un mois plus tôt mais la commande du vélo a été passée un peu tard… Bref, de retour d’une bonne semaine de ski de rando dans les Pyrénées, je dois préparer mes sacoches en vue d’un départ illico. Et le grand jour sera le vendredi 22 mars. Un bel enchaînement raclette/rencontre de cyclo-voyageur/récupération du vélo sur Lyon rendra cette veille de départ assez agréable !
Le premier test de transport du vélo-couché dans le TER se révèle être un vrai succès (ces vélos sont normalement interdits). Comme prévu, rien n’est planifié pour les étapes des prochains jours, à part les premiers ravitaillements chez la famille !
Premier coup de pédale
C’est ainsi vendredi, après quelques photos devant la maison, vers 16h30 que nous partons avec ma mère et mon frère, direction Poliénas.
La météo, une des variables critiques lors des voyages à vélo, est caractéristique de cet hiver 2019 : grand ciel bleu ! Ma tante nous rejoint sur les quais et c’est le long de l’Isère que nous descendrons jusqu’à chez mon oncle. Les massifs de la Chartreuse et du Vercors nous escortent sur le chemin. Peu de cycliste sur cette “autoroute verte” réservée aux vélos, que nous empruntons tous pour la première fois. En prenant la sortie Poliénas nord, le Vercors nous offre ses plus belles couleurs de sa collection hiver et coucher de soleil. Après une petite côte bien raide, nous arrivons enfin acclamés par une foule hystérique (bon d’accord j’exagère peut être un peu ici). Une belle soirée de départ s’ensuit, et ses premiers adieux aussi.
Une longue étape chargée en émotions
Le lendemain, deux vaillants sportifs sont d’attaque pour m’accompagner, ma mère et mon oncle. Sous le soleil et les noyers, nous enfourchons nos montures direction saint Marcellin, d’où je continuerai seul vers le Drôme rejoindre de la famille pour midi. C’est la seconde vague d’au revoir. C’est bizarre car de mon côté je n’ai pas l’impression de partir, du moins pas de manière différente que lorsque je suis parti travailler en Allemagne. Alors que pour mes proches, l’inquiétude prend le dessus, et mon voyage leur semble sans retour, ou alors très lointain. Suis-je trop optimiste ? Ou bien naïf ? Je sais aussi que je vais revoir ma famille sur le trajet, ce qui se confirmera bien assez tôt !
Le GPS me fait longer le Vercors avec une superbe vue sur ses falaises en contrepartie il y a quelques montées qui font chauffer les jambes. L’impatience aidant, mes proches décident de partir à la chasse (en voiture) pour me retrouver et endosser le rôle de voiture balai. Je prendrai bien une petite pause à midi car j’ai déjà fait 80 km et un peu de dénivelé, mais le programme est déjà tout écrit : déjeuner, visite de la maison de retraite puis passage chez le tonton. Intense journée, mais il faut en profiter tant qu’on est en forme !
Après un court “show” au château, l’équipe de cycliste familiale veut continuer un peu plus loin, nous terminerons chez mon oncle 20 km plus loin. Soirée qui terminera sur des adieux une fois de plus. Aujourd’hui, j’aurai fait 100 bornes.
Seul en selle
Les prochains jours je pédalerai seul, et ce jusqu’à Toulouse. Le trace suit la Via Rhona au début puis le canal du midi. La première est assez bien indiquée, avec des voies réservées aux cyclistes la plupart du temps.
Peu de dénivelé, de jolis villages et de belles perspectives sur des châteaux. La vallée du Rhône c’est aussi des centrale nucléaire le long du fleuve, elles sont massives et se voient de loin.
Une fois Avignon dépassé, je cherche un endroit où dormir. Comme le terrain est peu approprié je demande à un couple si je peux monter la tente devant chez eux, ils me proposent plutôt de dormir dans leur cabane de jardin et m’offrent même une douche chaude, quel luxe !
Le lendemain, je traverse la Camargue, ses marais, et croise en chemin des chevaux et des flamands roses. De rares cyclotouristes empruntent aussi ce chemin. Après une bonne pause à Aigues Mortes en compagnie des boulistes du coin, je repars vers Frontignan. Le mistral forcit dans l’après midi pour le grand bonheur des kite-surfeurs mais au grand dam des cyclistes pédalant vers l’ouest. La tente a d’ailleurs failli partir cette nuit lors du montage !
Tricher et si vite sanctionné
Cette semaine étant la semaine des premières fois, je célèbre ce matin le premier petit déj’ “camping”. Le mistral n’a pas faibli, je pense qu’il souhaite m’accompagner jusqu’à Toulouse. Ma journée sera courte car j’ai prévu de prendre le train de Béziers. Mon voyage sans carbone commence bien… c’est pour respecter un rendez-vous dans les Pyrénées qui ne peut être repoussé. Une journée et demie de plus aurait été nécessaire pour arriver à temps.
À cause de déviations sur Sète qui m’envoie vers un axe principal, je fait un tour sur moi même au lieu de m’avancer vers Agde et perds une heure… la deuxième fois je trouve le bon chemin qui passe par la digue le long de plages désertes jusqu’à Marseillan. Le reste du trajet devient intéressant à partir d’Agde jusqu’à Béziers sur le canal du midi, une partie plutôt sauvage mais peu roulante.
Le mistral a quand même rendu cette étape de 70 km assez difficile !
J’arrive à la gare 20 minutes avant le départ de mon train et je ne vois pas d’ascenseur ni de “rail à vélo”. Il me faudra être efficace. Quelques clics sur la bornes me permettent d’acheter mon billet, mais l’automate m’informe qu’il faudra retirer le billet ailleurs car il n’en a plus. Estimant ne pas avoir le temps, je prend le reçu et commence à déplacer mon vélo. Une dame m’indique que le ticket que j’ai retiré n’est pas valide – je lui rétorque que je suis pressé et que le reçu fera l’affaire. Mais un doute m’envahit, déjà que l’emport de mon vélo n’est pas autorisé dans le train, c’est un peu risqué de monter “sans billet”. J’essaie donc de retirer mon billet. La réservation est liée à la carte bleue utilisée lors du paiement et il suffit de taper son code secret pour imprimer le billet. Cela ne me prend que quelques secondes et je suis plus serein pour prendre le train. Toutefois il me reste encore des va-et-vient jusqu’au quai avec tout mon barda et mon vélo. Enfin à quai, je vois le train arriver… mais c’est un TGV ! J’avais pourtant regardé la veille et je gardais en tête que cet horaire correspondait à un Intercité ou un TER (l’emport des vélos est assez facile en TER ou IC mais beaucoup moins aisé en TGV). La fatigue et le stress m’ont un peu anéanti sur le coup car je dois aller changer mon billet, donc soit laisser mon vélo à quai ou tout re-déplacer…
Je fais le choix de laisser le vélo à quai et pars négocier au guichet. Fort sympathique, l’agent SNCF m’échange mon ticket contre le prochain TER, avec une correspondance pour Narbonne. De retour à mon vélo, et bien content de mon “affaire”, je repose mon sac sur ce dernier et vais m’asseoir un peu plus loin. La dame m’apostropha au sujet de mon billet est à quai. Elle va aussi à Narbonne. Nous discuterons un peu et ce jusqu’à Narbonne.
À Narbonne re-belotte : il faut changer de quai et la gare est toujours aussi bien équipée pour les vélos ! Dans ce train, je réalise que des retraits et des achats ont été effectuées avec ma carte… mon portefeuille a disparu ! J’avais laissé mes affaires à Béziers sans surveillance moins d’une minute mais c’était suffisant pour me voler mes cartes. Je suspecte la dame avec qui je discutais et sa fille qui traînais vers mon vélo en gare de Béziers… ça m’apprendra à laisser mon portefeuille sans surveillance. Cette mésaventure reste à relativiser, je n’ai perdu que de l’argent et elle m’arrive en début de voyage, elle est donc formatrice pour la suite.
La journée se termine joyeusement avec les copains/copines de Toulouse, chez qui s’improvise un cours de vélo couché. Les élèves sont plutôt bons et parviennent après quelques démarrages difficiles à s’élancer tout seul ! Un bon repas en bonne compagnie me fera oublier les soucis du jour.
Dernière ligne droite
Ce mercredi conclura l’étape Alpes – Pyrénées. Tristan et Quentin les Toulousains m’accompagnent jusqu’à Boussens. L’une des plus jolies sorties jusque là avec les Pyrénées en toile de fond. J’ai hérité à Toulouse d’un bagage en plus : mon parapente. Son poids se fait bien ressentir dans les montées… Cette étape est un retour aux sources, là où j’ai commencé la montagne.
Une dernière bière avec les Toulousains en attendant le train, et je finirai tout seul. Adieu Toulouse, à bientôt les amis !
La route devient de plus en plus familière à partir de Mane. Je croise même une cycliste un peu avant Arbas. Elle était en train de fredonner lorsque je la dépasse, et sursauta dès qu’elle me vit. En rigolant, elle m’avoue qu’elle chantait pour rendre la pédalage plus agréable et penser à autre chose. Un petit rayon de soleil avant d’arriver enfin chez Thierry (mon ancien moniteur de parapente) ! Je retrouve d’abord Sébastien (un ami parapentiste de Grenoble) à l’atterrissage puis Thierry passera nous prendre plus tard. Quel plaisir de revenir ici après presque 6 ans. Un havre de calme, qui respire la joie de vivre et la bienveillance.
Ça y est, je viens de comprendre comment te laisser des messages, tu me diras si ça fonctionne…
Des bises, je poursuivrai en regardant ton périple marocain, tchou le cycliste
Classe ! En te lisant on sait que c’est toi ! 😀
C’est pour éviter les copyright 😉
« Comme prévu, rien n’est planifié »… J’adore ! Bravo Jules.
Aha content que ça plaise ! Le plan se construit sur les aléas, j’arrive dans l’après midi à Rubicon, au sud de Lanzarote. Suivront sûrement de belles randonnées et des survols en parapente. Mais où ? L’avenir nous le dira bien assez tôt !
Bon weekend !